Noël sous le soleil
Nous sommes en janvier, juste après la fête des rois. Je prévois d'ailleurs de reproduire la fameuse galette française pour la partager à l'autre bout du monde. Pourtant, depuis le 21 décembre, qui est depuis ma naissance synonyme de solstice d'hiver, c'est l'été qui a fait son entrée en scène dans l'hémisphère Sud. Les jours courts et sombres auxquels je suis accoutumée en Europe durant la période des fêtes sont remplacés par un grand soleil qui se couche tard sur les plages du Pacifique: j'entame ma deuxième saison estivale de l'année.
Quoi qu'agréable, une sensation d'étrangeté m'envahit. En France, de décembre à février, le froid anesthésie un peu mon rythme de vie. L'hiver m'accueille sous les couvertures, mon mode économie d'énergie est enclenché. Je dois avoir quelque chose de l'ours qui hiberne pour se réveiller à la "belle saison". Ici, pas de pause hivernale. Les journées s'étendent, poussant à l'activité, mais le sommeil est là, en second plan de tous ces événements enchantants.
Si le soleil renvoie cordialement couvertures et grosses chaussettes au placard, il ne bannie pas les couronnes de houx, les guirlandes et les sapins (faussement) enneigés.
Un gigantesque marché de Noël est apparu le matin du 15 décembre dans la grande rue en face de la maison de ma nouvelle famille d'accueil. Ça m'a semblé sortir de nul part toutes ces décorations, comme si l'été se déguisait soudainement en hiver.
En voyant des pères Noël emmitouflés, fondant comme des bonhommes de neige sous le soleil de plomb, je me suis demandée pourquoi les traditions n'avaient pas été adaptées au climat.
Question pratique déjà, ça éviterait de pauvres types de souffrir de sudation excessive dû à un costume inadapté à la température. Sérieusement, les pères Noël de supermarchés chiliens devraient avoir le droit à une promotion en prenant en compte l'effort physique qu'il leur est demandé.
Question de cohérence aussi, on s'attendrait bien plus à voir un père Noël en surf tiré par des dauphins plutôt que par des rênes magiques sur la neige. Croire déjà aux cadeaux apparaissant par une fameuse nuit hivernale demande une puissante faculté à rêver. Si cette fameuse nuit d'hiver se trouve en plus tomber en plein milieu de votre été, il y a de quoi sourire. J'imagine que c'est encore une illustration de l'influence de la culture occidentale sur le reste du monde.
La magie de Noël, pourtant, était bien au rendez vous. Le 24 au soir, j'ai passé un très bon moment avec ma famille d'accueil. Pour la première fois de ma vie, j'ai assisté a la "misa del gallo", la messe de Noël. L'église était pleine à craquer, certains en short, d'autres sur leur trente et un, mais tous chantant en cœur les mêmes chansons, pour finir par s'embrasser en murmurant "la paz".
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