Terremoto del 27F

27 février, une date qui a marqué les esprits. C'est tout d'abord l'anniversaire de ma Maman, joyeux anniversaire depuis l'autre bout du monde, je t'aime. C'est aussi la date du tremblement de terre qui a dévasté le Chili, il y a désormais 10 ans.

Au Chili, les tremblements de terre font partie du quotidien. Le pays se secoue plusieurs fois par jour, à une magnitude qui atteint facilement les 5 ou 6 sur l'échelle de Richter, secousses qui feraient facilement tomber les édifices européens, mais qui ne sont presque pas ressenties ici. 

À mon arrivée, on m'avait prévenue que je pouvais sentir la terre danser à tout moment. J'étais plutôt enthousiaste à l'idée de vivre cette nouvelle expérience. En septembre, pendant les fêtes nationales, les plaques tectoniques ont voulu se joindre aux célébrations de manière plus prononcée que de coutume. Je n'ai eu conscience d'avoir vécu un tremblement de terre de magnitude 6 qu'après avoir reçu des messages d'amis qui s'assuraient que la petite Française n'avait pas été terrorisée par "el temblor"  qui ne m'avait pas fait trembler. J'ai attendu les prochaines secousses avec l'espoir d'avoir un jour quelque chose à raconter, mais chaque fois c'était la même chose: les infos à la télé toujours allumée avait toujours une longueur d'avance sur mon acuité aux vibrations terrestres.

C'est sûrement mieux ainsi. Ma curiosité et mon désir d'expériences nouvelles ne tiennent pas long feu face aux risques d'une telle interjection de la nature. Le 27 février 2010, à 3 heures 34 du matin, ce n'est pas le danger qui manquait. Un tremblement de terre de magnitude 8.8 emporte des centaines de vies et des milliers de bâtiments du centre du pays: la zone la plus densément peuplée. L'épicentre se forme à 150 kilomètres de la côte entre Concepción et Constitución, pas très loin de la ville où je réside, Talca. La percussion des deux plaques provoque un raz de marée fatal pour les habitants proches d'un océan plus très pacifique...

Mes familles d'accueil me racontent. Un grondement sourd qui enveloppe petit à petit. Les bibelots gigotent. Les meubles sursautent. Les murs tremblent. La faïence s'effondre au sol. Tout s'entrechoque et se fracasse. J. et L. sont restés cloués au lit, frappés par la violence des secousses pendant les trois premières minutes, interminables, de séisme intense. S'ensuivent ensuite plusieurs jours à dormir dans le jardin, à l'abri d'éventuels contre-coups, de la multitude de vagues qui vient après une éclaboussure dans l'eau, avec l'appréhension d'un chez soi qui va peut être s'effondrer. 

Dans la famille de P., qui habite dans le centre de Talca, c'est les hauts bâtiments de chaque côté de la Alameda (grande avenue) qu'on voit onduler comme si la pierre s’entraînait à des records de souplesse. Puis des semaines sans eau, ni électricité qui poussent les rescapés à des records d'ingéniosité. Par chance, P., ma seconde mère d'accueil, travaille chez Coca Cola. Ce n'est pas les bouteilles qui manquent à la maison. Elles sont toutes remplies au puits pour subvenir aux besoins de la famille, et des voisins, car l'entraide et la solidarité sont des valeurs des plus profondément ancrées chez les Donoso. 

Talca n'est plus la même. C'est 80% du centre ville construit de chaume qui ne se relèvera pas. Sous les débris, la ville montre ses failles, miroir des larmes de ses habitants sous le choc. 10 ans plus tard, les larmes brillent encore lors des commémorations de cette date qui a marqué les esprits. 

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