23 mars 2020

Cela fait une semaine que nous sommes en confinement au Chili. Ma vie d'échange prend un virage drastique...Il y a une semaine et demi encore, j'étais en cours dans mon lycée chilien, j'allais et venais librement dans Talca, partageant des instants libres du temps avec le réseau d'amis et de proches que je me suis créé tout au long de ces sept mois dans l'inconnu. Je l'avais apprivoisé cet inconnu, peuplé de gens et d'habitudes qui avaient tissé petit à petit un nouveau quotidien, une nouvelle vie. 

Un quotidien dans lequel je me voyais évoluer encore trois mois, bien décidée à en découvrir toutes les surprises, à vivre chaque instant jusqu'au bout car je savais que le temps était compté, que bientôt je devrais dire au revoir à mes familles à l'autre bout du monde et à mes amis des quatre coins du globe, à toutes ces personnes qui enveloppaient mon quotidien de sourires, de câlins et soutien.         

Avec le Coronavirus (corona culiao) tout ce petit monde, ce quotidien, se voit totalement bouleversé, les plans et les repères ont tous été remis en question, beaucoup se sont évaporés alors que je les pensais bien tangibles. Combien de temps va durer cette quarantaine? Aurais-je l'occasion de me balader dans les rues de Talca librement, de vivre la vie dans laquelle je m'étais installée et de revoir toutes les personnes que j'aime ici avant mon départ pour la France en juin? 

De nombreux étudiants d'échange qui m'accompagnaient dans l'inconnu depuis le début retournent dans leurs pays respectifs. La présence de l'autre qu'on savait jamais très loin, les conversations et les rires qu'on partageait si facilement sont désormais distancés. Des personnes avec qui je construisais chaque jour des moments de cette vie à l'autre bout du monde s'en vont, pièces vacantes sur mon puzzle. Je sais que nous resterons en contact, que nous nous reverrons, mais les choses ne seront jamais plus les mêmes, le contexte que nous avions construit et qui nous construisait aura bien changé.

Je ne me sens pas prête à dire au revoir si vite. Les célébrations de départ toutes en embrassades, bilans sur les mois passés ensemble nous sont interdites. Pas de point final. Il faut partir vite, se séparer d'une vie entière, en laissant tous les plans en plan. 

Pour moi, la question s'est posée, se pose toujours en fonction de l'évolution de l'épidémie. Partir? Rester? Partir retrouver ma famille, se soutenir pendant cette période compliquée? Partir en prenant le risque de ramener le virus dans mes valises, super cadeau d'arrivée? Partir pour faire une quarantaine de quinze jours sans pouvoir câliner des proches que l'on a pas vu depuis des mois? Partir sans dire au revoir, se séparer de toute une vie qu'on a aucune certitude de retrouver à la fin d'un confinement au Chili? Ou bien rester, rester dans un confinement en sécurité avec ma famille d'accueil? Rester en espérant que les vols seront rétablis en juin. Rester et regarder filer le temps de cette "vie dans une année". Rester avec l'espoir que le confinement se termine le plus vite possible, avec l'espoir de pouvoir retrouver cette vie ne serait ce que quelques semaines avant mon retour en France. Rester avec l'espoir. 

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Hace una semana que estamos en cuarantena en Chile. Mi vida de intercambio esta cambiando drásticamente. Hace una semana y media, estaba todavía en clase en mi colegio chileno. Iba y venía libremente en Talca, compartiendo instantes libres del tiempo con la red de amigos y de seres cercanos que me creé durante esos siete meses en lo desconocido. Lo amansé lo desconocido, poblándolo por gente y habitos que poco a poco habian tejido una nueva cotidianidad, una nueva vida.

Una cotidianidad en la cual me veía evolucionar tres meses más, motivada a descubrir cada sorpresa y vivir cada instante porque sabía que mi tiempo acá estaba contado y que pronto iba a tener que decir adiós a mis familias al otro lado del mundo y a mis amigos de las cuatro esquinas del globo, a todas esas personas que envolvían mi cotidianidad de sonrisas, abrazos y apoyo.

Con el Coronavirus (corona culiao), todo esa normalidad se ve conmovida. Los planes y los puntos de referencia están cuestionados, muchos se han evaporado cuando pensaba que eran tangibles. ¿Cuánto tiempo duraría la cuarantena? ¿Tendría la ocasión de volver a pasear en las calles de Talca, de vivir la vida en la cual me instalé, y de volver a ver todas las personas que quiero antes de volver a Francia en junio? 

Muchos intercambistas que me estaban acompañando en lo desconocido desde el principio vuelven a sus países. La presencia del otro nunca muy lejos, las conversaciones y las risas que compartíamos tan facilmente estan ahora distanciadas. Las personas con las cuales construía cada día momentos de esa vida al otro lado de la Tierra se van, piezas faltantes de mi puzzle. Sé que vamos a guardar el contacto, que nos volveremos a ver, pero las cosas nunca van a ser iguales, el contexto que contruimos y que nos construía será muy cambiado. 

No me siento lista para despedirme tan pronto. Las celebraciones de ida llenas de abrazos, balances en los meses pasados juntos están prohibidas. No punto final. Hay que irse, rapido, muy rapido, separandose de una vida entera, dejar todo.

Para mi, el tema fue discutido, está discutido todavía junto a la evolución de la epidemia. ¿Irme? ¿Quedar? ¿Irme y reunir con mi familia, apoyarse en ese período complejo? ¿Irme y tomar el riesgo de llevar el bicho en mis maletas, súper regalo de llegada para mi familia? ¿Irme y hacer una cuarantena sola de quince días antes de poder abrazar a mi familia que no he visto desde varios meses? ¿Irme sin despedir, separarme de una vida que no tengo certitudes de volver a vivir si me quedo en Chile para la cuarantena? ¿O quedar, quedar en cuarantena en seguridad con mi familia de acogida? Quedar y esperar que los vuelos no serán cancelados en junio. Quedar y mirar volar el tiempo de esa "vida en un año". Quedar con la esperanza que la cuarantena se acaba lo más pronto posible, con la esperanza de volver a vivir esa vida al menos algunas semanas antes de volver a Francia. Quedar con la esperanza. 


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